(2018, re-création 2020)
Un solo chorégraphié et dansé par Mathieu Heyraud, imaginé à la fois pour la scène et l’espace public. Le solo se réinvente en 2020 dans une version in situ pour des lieux patrimoniaux, une visite guidée par les regards que l’on porte sur les choses, les espaces, et le passé.
S’emparer de l’invisible comme motif chorégraphique, et jouer avec ce qui ne se voit pas, ce qui n’est plus ou ce qui n’a jamais existé. Ce projet, comme souvent pour moi, est une proposition impossible: MONTRER L’INVISIBLE, un prétexte poétique dans un contexte pragmatique : FAIRE SPECTACLE.
Il s’agit d’une succession de courtes formes qui semblent répondre à ce qui est, ce qui disparaît, ce qui sera. Un solo pensé comme une série d’études, au sens musical du terme, une série de virtuosités improvisées qui pousse à faire disparaître le geste technique pour laisser la place à une sensation du monde.
Avec ce solo, j’avais envie de me confronter à la scène (qu’elle soit théâtrale ou rue), à ce que la danse permet d’illusions, de dérisions et de profondeur. Une danse connectée, pour sûr, aux fantômes qui nous accompagnent joyeusement . Tour à tour, rituel absurdo-chamanique, hommage au disparu, pur expérience physique, farce grotesque les propositions de corps révèlent l’espace et nos manières de l’habiter.
Adressé de la manière la plus directe possible aux spectateurs, sans artifice technique (si ce n’est une enceinte), le solo est un dialogue malicieux qui s’amuse et s’épate de ce que l’on voit et de tout ce qu’on ne voit pas, de ce qui est montré et de ce qui reste caché, de ce que l’on regarde et ce que l’on devine. Avec la complicité d’Elsa Jabrin (créatrice lumière de la compagnie), nous proposons aux spectateurs d’utiliser leurs yeux pour composer, décomposer et recomposer le spectacle. Un jeu sur les regards que nous portons pour prouver que l’on ne voit pas qu’avec ses yeux.
Mathieu Heyraud